Débat Public EPR2 Gravelines, Réunion Thématique – Coûts et Délais

05/11/2024

Le 5 novembre 2024, de 18h à 20h, à la Scène Vauban de Gravelines, la Sfen Hauts de France a participé à la réunion publique sur la thématique : « Coûts et délais : comment s’assurer de leur maîtrise tout au long du cycle de vie du projet ? » dans le cadre du débat public sur le Projet de nouveaux réacteurs nucléaires à Gravelines.

Durant cette rencontre, plusieurs temps d’échanges ont permis :

  • De débattre des engagements d’EDF à maîtriser les coûts et délais du programme EPR2.
  • De discuter de la fiabilité industrielle de ce programme au regard des enseignements tirés du chantier de l’EPR de Flamanville.
  • De comparer les coûts et délais annoncés par le maître d’ouvrage avec ceux de mise en œuvre de scénarios de transition énergétique basés sur les énergies renouvelables
  • D’examiner la capacité de ces différents scénarios à répondre aux objectifs de décarbonation du mix énergétique à horizon 2030 et 2050, au vu des délais annoncés pour leur mise en œuvre.

Intervention de M. WATTIEZ de la CPDP

  • Les coûts et les délais sont aussi des paramètres à prendre en compte dans la transition énergétique et dans les différents scénarios étudiés par RTE, l’ADEME, Négawatt, Enedis…
  • Le coût ne concerne pas uniquement que l’investissement, il touche aussi le prix de l’électricité dans le futur
  • 2 objectifs :
    • Une baisse de la consommation globale d’énergie
    • Une augmentation significative des énergies électriques bas carbone

CPDP :

  • La durée de construction est un paramètre important dans le coût global du projet EPR2
  • Les conclusions du rapport FOLZ suite aux dérives de FLA3:
    • Un projet de construction d’un réacteur unique
    • Complexité sous estimée
    • Une gouvernance du projet inadaptée (en interne et entre les intervenants)
    • une perte de compétences constatées (EDF et prestataires)
  • Préconisations de la cour des comptes:
    • Comparer les coûts de production des différents scénarios proposés par RTE, ADEME…
    • Décision qui impactera le « long terme » et qui est un paramètre à prendre en compte
    • Actuellement, pas de SNBC ni de PPE mis à jour et qui donne la feuille de route pour les années à venir

DINN (A. Le Brozec)

La Délégation interministérielle au nouveau nucléaire (DINN), placée sous l’autorité du Premier ministre et dirigée par Joël Barre, a pour mission de superviser les projets industriels de nouveau nucléaire afin d’accompagner la transition énergétique.

La DINN assure principalement trois types de mission concernant les nouveaux projets nucléaires réalisés sur le territoire national :

–     La supervision industrielle de ces projets, en particulier le programme de nouveau nucléaire français (NNF) consistant en la construction de trois paires de réacteurs EPR2, dont EDF assure la maîtrise d’ouvrage, mais aussi le projet SMR Nuward et le réacteur de recherche Jules Horowitz. Cette supervision se traduit notamment par une revue des objectifs en matière de coûts, de qualité et de délais puis une surveillance du respect de ces objectifs,  comme des actions de maîtrise des risques mises en œuvre par les maîtres d’ouvrage ;
–        La mobilisation et la coordination des pouvoirs publics concernés par ces projets, que ce soit au titre des autorisations réglementaires à l’échelon national, de la préparation des territoires d’accueil de nouveaux réacteurs à l’échelon local, de l’adaptation du système de formation à l’enjeu de développement des compétences ou encore de la définition d’un schéma de financement et de régulation ;
  –       La contribution à l’information du public et la mobilisation des parties prenantes sur les enjeux liés à ces projets.
Remarque de la DINN :
Le lancement des EPR2 est conditionné par une maturité du projet démontrée.
A. MENAGER (EDF):
  • Afin de maîtriser les délais de construction , plusieurs paramètres à prendre en compte:
    • Effet de série
    • réacteur standard
    • personnel compétent
  • L’objectif est de construire à terme en 70 mois ( Ex : la Chine)
  • Coût pour les 2 EPR2 de Gravelines : 15,8 Milliards d’euros (y compris avec 15% de marge)
  • Un comité d’experts indépendants est constitué afin d’être les « garde fou » du bon déroulement du chantier (coûts, délais..)
  • 5 ans de travaux préparatoires, renforcement des sols, qui pourraient démarrer fin 2026 après l’autorisation Environnement
  • MIX avec les ENR indispensable

RTE :

  • Source électrique disponible pour le chantier : début 2028
  • Alimentation des auxiliaires : 2034 – 2036
  • Coût global : 160 millions d’euros pour le raccordement, y compris le poste de Flandres Maritime

V. FAUDON (Sfen):

les points importants à prendre en compte pour le choix d’une énergie bas carbone:

  • Considérer le coût global et non pas seulement le coût de production
  • Le nucléaire est pilotable, donc peu de coût pour la flexibilité et le réseau

DINN :

  • Le cadre : validé début 2026 par l’état
  • Audit par l’état sur les coûts et délais
  • Aide de l’état : en cours de travail avec EDF, validé par la Commission Européenne, objectif : 2026

Remarques de la Sfen HdF:

  • La conception et la technologie des EPR ne sont pas remises en cause dans le rapport FOLZ et ne sont pas liées au retard de FLA3. C’est donc un réacteur robuste qui va bénéficier de l’effet de série.
  • Dans le coût de productivité, il faut prendre en compte également le coût d’adaptation du réseau (raccordement des points de production par exemple), et du coût de flexibilité (capacité à ajuster la production et la demande / prix)

Remarques de la DINN:

  • Le travail est en cours sur le financement du projet  entre EDF et l’état, l’objectif est de valider ce travail pour fin 2024
  • Les coûts et délais affichés sont des paramètres importants dans l’acception du projet, ils doivent être « atteignables »

Remarques de Y. MARIGNAC (Négawatt):

  • des délais pour la construction des EPR2 trop élevés par rapport aux objectifs de décarbonation
  • des coûts trop élevés pour les EPR2, des études ont montré des coûts inférieurs de 6% avec ENR
  • Les chiffres communiqués par EDF sur les coûts  et délais sont des « affichage politique » pour valider le projet EPR2

Remarques de V. FAUDON (Sfen) :

  • les coûts : plus élevés avec des ENR associées ( la part des ENR dans le MIX  énergétique choisi fait varier le coût de l’électricité)
  • Coût de construction: une étude américaine a été réalisée afin de tripler leur production nucléaire, l’optimisation des coûts est associée :
    • compétences des acteurs
    • Effet de série
  • Coût de production, deux paramètres à prendre en compte:
    • Le mode de financement
    • la part de l’état